Je note que sur les 2 tomes publiés par la faculté il n’est question d’évoquer l’activité du professeur Hirt que dans le cours d’Israël Nisand à la page 149.
Israël parle de l’intérêt du livre, épuisé, de François Bayle «  Croix gammée et Caducée », une fois à la page 151, pour en illustrer le caractère extrêmement documentaire et original, mais sans faire le lien avec le fait que François Bayle dans ses propres conclusions évoquait Alexis Carrel comme modèle!
Or «L’homme, cet inconnu» date de 1935.

Le document touche très peu à la dimension politique de l’exercice du métier de médecin comme si celui-ci était resté « insulaire » jusqu’à aujourd’hui.

Je note une référence unique au « politique » à la page 141 et une référence au problème posé par l’immigration mais pour préciser tout de suite qu’il s’agit de l’immigration «régulière», à la page 139.

Michel Hasselmann évoque le nazisme et le code de Nuremberg très rapidement à la page 106.

Jean Richard Freymann cite les groupes des juifs et des francs-maçons comme victimes d’un totalitarisme à la page 19 et 21 ; toi même tu évoques le livre de Max Lafont «L’extermination Douce», mais en laissant entendre que la plupart de nos collègues aliénistes n’étaient pas consentants contrairement à la position de Max Lafont lui-même qui évoque le grave problème d’une responsabilité collective.
N’est-ce pas à Montpellier que se tient le congrès annuel des aliénistes en 1942, où la conférence des Drs Requet et Balvet , qui alertent nos confrères contre les risques mortels de la dénutrition volontairement imposée à leurs malades par leurs médecins, passe inaperçue ?

Tu évoques à la page 58 l’université Alexis-Carrel, mais sans faire référence à «l’Homme cet Inconnu» de 1935 où celui-ci préconise déjà l’usage des gaz pour éliminer les sujets déviant d’une société saine.
Au passage la rue Carrel a été débaptisée en 93 à Strasbourg pour donner naissance à la rue A. Hautval.

Tu laisses entendre à la page 58 que l’accès aux archives serait plus facile en Allemagne c’est le moins qu’on puisse dire, puisque M. Lang qui a retrouvé l’identité des 86 victimes juives de Hirt n’a jamais pu avoir accès à nos archives et que c’est par l’Allemagne, Israël et les Etats Unis qu’il a pu terminer des recherches qui me semblent-ils sont pour le moins utiles d’un point de vue historique et pédagogique pour nos jeunes étudiants.

Ce que je souhaite préciser c’est que je trouve dommage que dans une faculté comme la nôtre, où existe un pavillon Leriche depuis «toujours», un amphithéâtre Leriche en chir. A, une salle Leriche à l’IRCAD, où les portraits de Leriche trônent jusque dans certaines salles de l’ Institut d’Anatomie et où certains d’entre nous se sont tant battus pour l’apposition d’une plaque devant l’Institut d’Anatomie Normale, qu’ on puisse encore risquer de considérer cette sombre période de l’histoire de la médecine comme étant anecdotique .

Alors qu’elle pourrait mettre en lumière ce dont sont capables à certains moments et dans certaines conditions «les meilleurs médecins du monde».

J’aurais volontiers donné une bibliographie sommaire avec la thèse fondatrice de Patrick Wechsler de 91 ;le rapport d’autopsie de 45 de Pièdelièvre, Simonin et Fourcade ;
« Opération Ahnenerbe » de Heather Pringle ; « Le Struthof » de Steegmann et «  Blouses blanches, étoiles jaunes » de B Halioua.

J’organiserais volontiers une visite guidée du Struthof .

Je crois enfin que les sciences humaines ne devraient pas cesser d’être enseignées tout au long de nos études.
Je te confie le rapport d’autopsie réalisé en janvier 46 et la lettre au Président à qui je suggère le 23 mars 2008 de le faire remette à tous les étudiants de première année.

Merci ,mon cher Michel ,de m’avoir lu et au plaisir de poursuivre ces échanges commencés au moins en 2002.

Docteur Georges Yoram FEDERMANN
Psychiatre